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Café de filles

26 mai 2011

Maintenant, c'est ici que ça se passe :

 

 

 

  Maintenant, c'est ici que ça se passe :

 

 

www.cafedefilles.com 

 

 

 

 

 

http://cdfmigr.eklablog.com

 

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26 mai 2011

The End

Cher Canalblog,

 

Ca fait un bout de temps qu'on fricote tous les deux, mais ça y est, je m'en vais.

Je t'aime (bien) mais je m'en vais.

C'est pas toi hein, c'est moi.

T'es trop bien pour moi.

Puis j'ai peur de te faire souffrir.

Mais tu mérites quelqu'un de bien, vraiment. 

On pourra rester amis, si tu veux. 

On s'appelle hein.

Allez, bisoux bisoux

 

 

A partir de maintenant ça se passe par

LA !!!

(Regarde, clique, c'est magique t'arrives direct.)

(Attention par contre, frotte pas trop ta combi en liberty sur les murs, la peinture est encore fraîche)

http://cdfmigr.eklablog.com

 

23 mai 2011

Pique nique couille

Depuis longtemps, j’avais pris la décision d’investir dans un tout petit ordinateur, communément appelé Netbook. En dehors du fait que j’en avais besoin pour mes nombreux déplacements allovertheworld (Paris-Rouen / Rouen-Paris / Paris-Rouen sans compter mes trajets réguliers Rouen/Paris), j’ai toujours trouvé que ça envoyait pas mal du pâté de pouvoir sortir son petit ordinateur en prenant un air inspiré, à la terrasse d’un café.

Récemment, je me suis donc rendue à la Fnac et j’ai alpagué un conseiller.

- Bonjour, j’ai besoin d’un Netbook aujourd’hui. (Sous-entendu, tu peux m’enculer allègrement si ça te chante)

- Très bien (tu m’étonnes)

- Mais le problème, c’est que je n’y connais rien (sous-entendu, tu peux y aller à sec avec du gravier, ça me va aussi)

- Fort bien. QU’est-ce que vous voulez voir ?

- Vos couilles. Bah non les Netbooks, vu que j’en ai besoin d’un. Rapidement.

- Vous n’avez aucune préférence ?

- Couillement parlant si, mais Netbookement parlant non. Vu que j’y connais rien.

- Ok. Donc je vous conseille celui-là, bon rapport quliité prix, processeur Intel Atom N455 à 1.66 GHz, mémoire 1 Go, disque dur 250 Go, écran 10.1'', lecteur de cartes 4, Microsoft Windows 7 Édition Familiale Premium 64 bits, batterie li-ion.

- Lol

- Ca vous va ?

- Eventuellement, mais c’est pas pratique ce truc en mousse là, sur le clavier.

- Ca s’enlève, c’est pour le protéger.

- Ah c’est astucieux. Mais j’aime bien celui d’à côté, le petit Dell là.

- Ah non, mauvaise idée, très mauvaise autonomie

- Oui mais il est verni

- Très lent

- Oui mais il est verni

- Pas intuitif

- Oui mais il est verni

- Aucune mémoire

- Oui mais il est verni

- Il plante tout le temps

- Oui mais il est verni

- Pas beau du tout

- Oui mais il est verni

- S’auto-détruit en 12 heures

- Ton ex travaillait chez Dell ?

- Provoque la chaude pisse sur 7 générations à quiconque y touchera le clavier

- Elle s'applait Isadell ?

- Je vous laisse réfléchir.

J’ai réfléchi à coup de pique nique douille et mon choix doigt s’est porté sur un HP mini qui, ma foi, à défaut d’être verni, avait l’air tout à fait performant.

Preive que couillement comme netbookement parlant, c’est ni la taille ni la beauté extérieure qui comptent.

Après délivrance de ma carte bancaire (un peu douloureuse je dois l'avouer) j’ai confié mon bébé à son tonton, j’ai nommé mon frère, afin qu’il procède aux installations d’usage.

2 jours après, j’étais prête à l’inaugurer dans un café de Rouen (mon ordi, pas mon frère).

J’ai pris l’air le plus détaché possible au moment de le poser sur la table, que j’avais pris soin de choisir à proximité d’autres clients. Je suis restée digne, silencieuse, mais tout mon être criait « je suis JOURNALISTE, et j’écris aussi des CHRONIQUES sur plein de choses PASSIONNANTES que je consigne dans un blog de FILLES qui a reçu LE PRIX ELLE récemment, malgré tout je suis restée SIMPLE et ACCESSIBLE, même si je CONNAIS DES GENS QUE VOUS NE CONNAISSEZ PAS et que depuis peu j’ai un NETBOOK qui tient mon SAC DAREL ça vous cloue le bec hein les petits PROLOS."

J’ai mis un bon quart d’heure peu de temps à trouver le bouton « ON », et je sentais les regards posés sur mon écran.

J’ai regardé au loin, en prenant un air pensif et inspiré, et j’ai entendu des ricanements derrière moi.

Sur mon fond d’écran, me souriait une énorme paire de couilles à lunettes.

Si on avait pas la même mère, je dirais de mon frère que un c’est gros fils dell pute.

19 mai 2011

"Sa te dirait kon se rencontre ?"

Comme je vous le disais hier, juste avant d’assister à une pièce de théâtre parlant des rencontres sur Internet, le hasard a voulu que je me trouvââsse assise dans un café à côté d’un homme et d’une femme qui, pour la première fois, passaient du virtuel au réel.

J’ai même pas eu besoin de beaucoup tendre l’oreille pour m'en rendre compte, faut dire que rapport au caractère exigu du lieu, je me trouvais presque sur les genoux du jeune homme.

Des genoux pris de tremblements nerveux, signe évident d’un stress incontrôlable.

Il y avait de quoi en même temps. Car en les écoutant j’ai compris que la première rencontre "en vrai" répond à des exigences strictes du cadre desquelles tu n’as pas intérêt à sortir trop si tu ne veux pas repartir brecouille, reculant ainsi ton prochain rapport sexuel de quelques mois encore.

D’abord le couple s’installe, se demandant réciproquement « ça te va, là ? » une bonne dizaine de fois, et soulignant d’autant le confort du lieu, par des « c’est sympa ici », « en plus il fait bon », et autres « aaaah » d’aise, destinés à masquer la gêne et à reculer le premier blanc.

A ce stade, on ne dit pas : « on a l’air cons, là, un peu. »

On dit : « t’as pas trop galéré pour venir ? »

Il est en effet de bon ton de s’enquérir du trajet emprunté pour se rendre au rendez-vous : ligne de métro, de RER, temps de trajet, ou toute autre question destinée à grappiller quelques minutes encore.

Souvent, ces prémisses de discussion sont l’occasion d’évoquer le lieu d’habitation, point de départ du trajet, qu’on décrit en général en ces termes : « c’est petit mais c’est sympa, je m’y sens bien, puis je compte pas y rester des années ».

L’autre acquiesce, en ajoutant que « de toute façon, c’est pas la taille qui compte ».

Si c’est un homme, on le soupçonne d’avoir une petite bite, mais il est encore trop tôt pour en rire ensemble.

L’heure est plutôt aux évidences, qu’on débite à une vitesse éclair. Dans l’ordre :
- A Paris, les loyers sont vraiment chers faut s’accrocher pour trouver un truc bien.
- La circulation, c’est une plaie, surtout vers 9h et vers 17h.
- Finalement, on va plus vite en métro.
- J’aime pas le métro, tout le monde fait la gueule.
- Rires.

On ne dit pas : « Mais ta gueule pourquoi tu ris il y a rien de drôle »

On dit : « Attends c’est vrai quoi ahah »

A ce stade de la rencontre, le niveau d’exigence en terme d’humour est en effet plutôt bas. Tout est prétexte à esclaffade polie destinée à montrer qu’entre nous, à n’en point douter, la complicité grimpe.

La glace ainsi brisée, on peut passer à des questions plus intimes.

Néanmoins, on ne dit pas : « Et sinon, tu suces ?

On dit : « Et sinon, tu fais quoi déjà dans la vie ? »

On écoute alors l’autre nous déblatérer sa fonction précise, y mettant tout l’entrain dont il est capable, et se perdant dans des détails que de toute façon on ne retiendra pas.

A la fin, on ne dit pas : « J'ai rien compris » et encore moins « Qu’est ce que ça a l’air chiant putain. »

On dit : « ah ouais, c'est intéréssant, c’est très humain, en fait. »

L’autre confirmera que oui, c’est très humain, parce qu’à ce stade ça ne se fait pas de contredire, et surtout ça se fait d’aimer son travail et par-dessus tout le « contact-avec-les-autres ».

Deuxième question, deuxième passage obligé : « Et sinon t’aimes quoi dans la vie ? »

On ne dit pas : « Les tagliatelles et la sodomie »

On dit : « Les voyages, le cinéma, sortir avec mes potes. »

Normalement, l’autre attend alors qu’on développe un peu. On ajoute donc que les voyages c’est important pour l’ouverture d’esprit et le-contact-avec-les-autres, que le cinéma ça fait du bien mais ça coûte cher, et que les amis c’est trop important quoi.

C’est alors l’occasion idéale pour l’autre de confirmer que oui, « on choisit pas sa famille mais on choisit ses amis comme on dit », et que même quand on est en couple c’est important de continuer à les voir.

On ne dit pas : « Oh non moi tu sais mon amoureux(se), mon chat et ma télé ça me va »

On dit : « Je suis quelqu’un qui est vachement indépendant(e) et je trouve que c’est super important de-préserver-le-jardin-intime-de-l’autre ».

En général ça met tout le monde d’accord, premier point commun, premier pas vers l’intime, on a bifurqué l’air de rien vers le domaine du couple, alors on saisit la perche en s’enquérant du passé de l’autre et de sa dernière relation.

On ne dit pas « Je me suis fait larguer comme une merde parce que j’étais relou, jaloux(se) et que le matin je puais de la gueule. »

On dit : « C’était pas la bonne personne, on avait pas les mêmes aspirations, mais on est restés super proches »

On ajoute que souvent, si ça marche pas, c'est qu'’on est super exigeant(e) avec les autres et super exigeant avec soi-même.

En regardant sa montre, on ne dit pas : « Et mais il est tard, faut qu’on baise »

On dit : « Et mais il est tard, tu veux dîner ? »

En général, si l'autre est chaud pour dîner, il(elle) le sera aussi pour baiser.

Manquerait plus qu'ils se soient fait chier comme ça pour rien.

18 mai 2011

Parenthèse cul(turelle), mais plus "turelle" que "cul" quand même

Ca faisait longtemps que je voulais vous parler de deux pièces de théâtre vues récemment, et qui valent le détour.

La première, « Entre deux étages », parle de deux ex qui se retrouvent coincés dans un ascenseur.

Moi les histoires d’ex ça me parle toujours, et celle-là en particulier parce qu’il y en a tous les ingrédients : la distance du début, réelle ou simulée, la colère, les regrets, les non-dits, les rancœurs.

Puis la complicité qui déborde et rejaillit malgré nous et malgré tout (Ca pourrait faire le titre d'une chanson de Céline Dion, tiens). Le sentiment éclair et l’espoir fou que peut-être cette fois, les choses seront différentes. Et la certitude soudaine et violente que rien ne changera vraiment : ni l’autre, ni nous, ni ce qui nous séparait, ni ce qui nous rassemblait. ("on ne change paaas, on met juste les costumes d'autres sur sooooi" comme dirait l'autre)

Et enfin l’évidence que dans la vie, tout est question de timing, qu’on se rencontre parfois trop tôt, parfois trop tard, et que parfois il était trop tôt mais qu’il est maintenant l’heure, ou qu’il était trop tôt et que c’est maintenant trop tard.

Si ces mouvements dans le temps vous ont pas collé la gerbe et que vous voulez savoir si entre eux-deux il est trop tard, trop tôt ou enfin l’heure, je vous invite à aller faire un tour en Avignon en juillet où cette pièce se jouera désormais puisque c’est à la dernière représentation parisienne que j’ai assisté. 

La seconde, c’était « Le meilleur amant que tu aies eu » : un soir, un lit, une femme, un homme. Elle est belle, à moitié nue, elle veut dormir ou faire l’amour. Il n’arrive pas à dormir, ni à faire l’amour (pourtant, Dieu sait qu'elle a de bons arguments), il doute d’elle, de lui, d’eux, et ça fait du bien de voir que c’est pas qu’une affaire de filles.

Elle n’a qu’une certitude, c’est qu’elle l’aime et que c’est bien comme ça. Dans le couple c’est lui la gonzesse, celui qui questionne, qui pinaille, qui interroge, qui a besoin d’être rassuré, qui récolte les regards agacés et les soupirs exaspérés.

Il est envahi par les questions à la con, de celles qu’on s’est toutes tous posés mais qu’on a pas formulées, sans doute parce qu’on en redoute les réponses. Lui se lance, moins par courage que pour essayer de trouver une légitimité à leur histoire : ils se sont rencontrés sur Internet, et il en tire une obsession du manque de spontanéité, de l’absence de hasard qui fait normalement les plus belles histoires, et du côté préfabriqué de leur rencontre.

Pour la petite anecdote, juste avant d’y aller, j’étais dans un café à côté d’un homme et d’une femme. Rapidement j’ai compris qu’ils se rencontraient pour la première fois, après avoir fait connaissance sur Internet, justement. J’avais l’intention de vous brosser les grandes étapes de ces rendez-vous particuliers, mais ça sera pour demain si vous le voulez bien.

Le présent billet aura donc été exclusivement consacré à la culture, ce qui est une bonne nouvelle car ayant relevé un peu le niveau aujourd’hui, j’aurais le droit de dire plein de fois bite et couille dans celui de demain.

Chouette alors.

Entre deux étages, d'Ambre Kuropatwa, du 8 au 31 juillet à 18h à l'Antidote Théâtre d'Avignon, réservations au 09 53 64 01 76.

Le meilleur amant que tu aies eu ? d'Elie Sasson, les 22 (19h30), 23 et 24 mai (20h) au Théâtre Essaion, réservations ici

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13 mai 2011

"Soirée SOS Médecins..."

Hier soir, 21h. Je m’apprête à vivre le plus beau moment de ma journée : celui de ma première bouchée de pâtes boursin-thon, devant une redif de Confessions Intimes. J'ai faim, j'ai hâte, je trépigne, d'autant plus que ça fait trop longtemps que ça ne m'est pas arrivé, 24 heures environ.

Au moment où ma bouche s’approche délicatement de ma fourchette, coup de sonnette à la porte.

Soupir.

C’est les filles de ma voisine, âgées de 7 et 14 ans.

A tous les coups, elles ont besoin de sel, je me dis. Ou peut-être de crème ou de beurre.

A en juger leur mine déconfite, elles en ont VRAIMENT besoin, je me dis.

- Camille ça va pas du tout, il y a mamam qui fait un malaise.

- Ah ?

- Tu peux venir ?

- Vous me laissez 10 minutes et je suis là.

- Non, tout de suite s'il te plaît...

J’hésite à lui expliquer le problème des pâtes froides, et celui de la sécheresse de celles réchauffées, mais je sens à leur menton qui tremble que l’heure n’est pas aux négociations.

Alors j’obtempère, et j'arrive dans leur appart.

- Salut Isa, ça va ? Je lui dis en essayant de lui faire la bise.

C’est pas simple, rapport au fait qu’elle est allongée sur le sol, face contre terre.

Elle me répond que oui, ça va, mais on me la fait pas à moi, je sens que ça pourrait aller mieux quand même.

Je lui demande si je peux faire quelque chose pour elle, lui amener un peu de sel ou de crème par exemple, elle me répond que non, ça va aller, par contre elle veut bien que j’appelle un médecin.

Ca tombe plutôt bien, récemment j’ai appris par cœur le numéro de SOS Médecins, en me disant que ça pouvait servir, pour ma fille.

Je compose le numéro.

- Domino’s Pizza bonsoir ?

Ca tombe mal le même jour j'avais appris par coeur le numéro de Domino's Pizza, en me disant que ça pourrait servir pour moi.

Je raccroche aussitôt. Ca me rappelle la fois où j'avais raccroché au nez de SOS Médecins alors que je voulais commander une pizza. J'avais flippé comme une folle qu'ils localisent mon appel et m'envoient les urgences.

Là, au pire, ils m'enverront une margarita, je me dis. 

Alors j'envoie un texto : "supplément chèvre au cas où, bisoux."

Puis je finis par tomber sur SOS Médecins :

- Bonjour, j'appelle pour commander un médecin au domicile de ma voisine.

- Oui, quels sont ces symptômes ?

- Elle est allongée face contre terre sur le sol.

- Pouvez-vous être plus précise ?

- Dans le couloir qui va des toilettes à la chambre de sa fille. Enfin de l'aînée, parce que l'autre dort côté salon.

- D'accord, on vous envoie quelqu'un d'ici 45 minutes.

Je suis donc allée prévenir Isa que patience, ça allait pas tarder. Elle a fait "hurmfff", et "Grhinhin" puis "blurp", plusieurs fois.

Je suis allée essayer de rassurer ses filles, en toussant et me raclant la gorge pour couvrir tant bien que mal les onomatopées de leur maman : "Bah alors c'est quoi RRRRRRRRA cette tête les filles ? On est pas HUM HUM bien là ? Ca vous dit on se commande RRRRAAAAA une HUUUUM pizzAAAAAAAA ?".

Le médecin a fini par arriver, puis il était temps parce qu'on finissait par plus bien se comprendre, on s'entendre, je sais plus.

Puis une fois qu'il s'était occupé d'elle et qu'il m'avait expliqué que ça serait bien que je dorme avec elle, je suis juste repassée chez moi pour noter sur FB un "statut suspens", du genre de ceux que j'avais juré sur la biographie de Loana de jamais utiliser :

"Soirée SOS médecins..."

Sur mes 464 amis, 7 ont demandé ce qu'avait ma fille, 456 n'ont pas réagi.

Et 464 donc, si mes calculs sont bons, ne se sont donc pas inquiétés pour moi.

Ah oui puis il y en a un qui a "liké".

Et mes pâtes étaient froides.

Mais isa pète la forme.

9 mai 2011

Apprenons ensemble à décrypter le langage des vendeuses

J’avais souvent remarqué que de nombreuses vendeuses ont en commun un langage bien à elles, constitué de termes et d’expressions spécifiques. A n’en point douter, ce langage propre est principalement destiné à provoquer l’acte d’achat. Mais je ne peux pas m’empêcher d'y voir aussi, au même titre que la french manucure carrée et strassée, un moyen de montrer et revendiquer leur appartenance à la grande famille des vendeuses.

C’est en tout cas ce qui m’a sauté aux yeux hier, lorsque Sabrina (qui ne m’avait pas précisé son nom, mais qui avait plus une tête à s’appeler Sabina que Domitille ou Ségolène), m’a alpaguée. Ensemble, tentons de comprendre les subtilités de sa langue (percée, cela va de soi). 

« Dans les tons bleus je vais avoir ça »

Elle utilise le « je », et ce même si elles sont 72 à travailler dans la boutique, et parle systématiquement au futur proche. Ainsi, si elle te brandit un article en te disant qu’elle va avoir ça, ne lui demande pas quand elle va le recevoir, elle l’a déjà, tu vois bien, nigaud.

« Je vais avoir ce petit top, aussi »

Elle aime utiliser l’adjectif « petit ». Elle va avoir des « petites » jupes, des « petits hauts », mais jamais des « grandes chemises » ou des « gros pantalons ». Même si ladite chemise t’arrive aux pieds et que ledit pantalon est un 54. D’ailleurs, elle te conseillera sûrement de le porter avec des petites ballerines, que tu fasses du 36 ou du 44.

« Si vous voulez je peux vous le mettre en cabine. »

Si jamais l’essayage est concluant, elle te la mettra en caisse. Dans le cas contraire, elle la remettra en rayons. Ou alors tu lui demanderas une autre taille qu’elle ira chercher en réserve. Mais si jamais tu te tâtes un peu, n’hésite pas à lui demander de la garder en mains.

« C’est du coton, ça se détend »

Sois rassurée si ton pantalon te coupe la circulation sanguine et anéantit toute tentative de pliage de genoux, c’est du slim, c’est normal. Et c’est du coton, ça se détend, et au prochain lavage tu redécouvriras aussitôt les joies de la marche.

« C’est du coton, ça bouge pas »  

Le coton est une matière intelligente. Qui se détend quand il y a besoin, et qui bouge pas le cas échéant. Un peu comme le stretch, en fait.

« Ca se porte comme ça »

Tu soupçonnes ton petit top d’être un peu grand, rapport au fait que tu pourrais inviter toute ta famille dedans ? C’est moche, pas pratique (tu te prends les pieds dedans, un peu, quand même), mais c’est normal, ça se porte comme ça.

« J’ai une petite jupe qui va avec »

En vrai elle n’en a pas qu’une. Elle utilise juste le singulier, même si elle en a 37 en rayons. D’ailleurs, si elle te conseille de l’assortir avec une petite tong, n’aie crainte, en réalité il lui en reste au moins deux.

« Ca va avec tout »

Devant ta mine circonspecte face à ce petit haut prune à pois marrons, Sabrina tient à te rassurer, « ça va avec tout ». Si tu lui demandes « avec quoi par exemple ? », elle te répondra « Oh bah avec du prune, du marron… » Puis comme elle se rendra compte de la galère dans laquelle elle s’est embarquée, elle ajoutera indéniablement : « … du jean, du petit pois, du petit tee-shirt basique… »

Ca va avec DU TOUT, on te dit.

Puis si jamais après tout ça tu hésites encore, Sabrina t'assènera le coup final et l'argument ultime, avec un air complice et entendu. 

"J'ai le même à la maison".

Forcément là, tout de suite, te voilà conquise.

3 mai 2011

Procrastination

J’aime bien ce mot, il en jette. Peut-être parce que c’est un mot compliqué pour désigner quelque chose de simple que beaucoup ne savait pas désignable.

En général, quand tu l’utilises, il y a toujours quelqu’un pour dire « procrastina-quoi », et quand tu lui expliques que ça désigne le fait de toujours tout remettre au lendemain, la personne semble soulagée, presque libérée. Ses yeux s’éclairent, sous l’effet de la joie de découvrir qu’il existe un terme pour désigner cette caractéristique qui lui est si familière, et dont elle subissait jusque- là le poids en silence, faute de pouvoir la nommer.

C’est rassurant les mots plaqués sur des états ou des attitudes, tu te sens moins seule avec tes névroses, parce que tu te dis que s’il existe un mot pour le décrire, c’est qu’il y a au moins deux personnes dans le monde qui sont concernées.

Par exemple, il n’y a pas, à ma connaissance, de mot pour désigner l’envie irrépressible d’enfiler des palmes en passant devant chez un fleuriste.

Ou le besoin viscéral de faire un poirier tous les jours à 11h47.

Ou encore la tendance systématique à danser la Macarena pendant deux jours et deux nuits à chaque changement de saison.

J’imagine qu’il existe, quelque part dans les hautes sphères, une commission d’attribution des noms évaluant pour chaque syndrome l’opportunité ou pas de créer un mot pour le désigner, en fonction du rapport investissement en temps et enrichissement du vocabulaire/utilité et fréquence probable d’utilisation.

- Bon les gars, gros dossier aujourd’hui, il faut qu’on trouve un mot pour désigner le fait d’avoir peur du chiffre 666.

- Roh Chef vous êtes sûr que c’est vraiment la peine ? C’est bien spécifique quand même…

- Les gars je vais pas vous apprendre notre devise… « Une seule, requête, quéquétte…

- « … plus d’une requête, on se creuse la tête » on sait, Chef.

- Alors au boulot.

- Je propose « sixcentsoixantesixophobe ».

- Ouais on voit bien que c'est la fin de journée, tu te foules pas quand même.

- On pourrait peut-être trouver un nom un peu marrant, pour changer, pendant mon cursus j’ai appris que d’un point de vue marketing…

- Ta gueule, stagiaire.

- Moi je verrai plutôt un mot compliqué, un terme qui fait un peu peur, un peu médical, un peu sérieux quoi.

- Oui je suis assez d’accord. C’est important de lui donner un peu de crédibilité, qu’il ait sa petite minute de gloire même, parce que ça risque de pas durer. C’est pas facile de rester digne en avouant qu’on a peur du chiffre 666.

- Faut qu’on donne tous les gars, là.

- Pruritanophobie ?

- C’est déjà pris, pour la peur de se gratter en public.

- .Je propose « chiffretriplecomprisentrecinqetseptophobe »

- Mouais.

- Si je peux me permettre, j’ai appris dans mon cursus qu’il fallait des noms facilement mémoris…

- Ta gueule stagiaire.

- Et qu’est-ce que vous pensez de « Hexakosioihexekontahexaphobie »

- ...

- Génial Gérard. 

- Fabuleux.

- Magique.

- Comment ça s’écrirait ?

- Comme ça se prononce stagiaire.

Voilà comment grâce à l'imagination de Gérard, certainement le fils du patron, et malgré les résistances du stagiaire, le mot Hexakosioihexekontahexaphobie est un jour rentré dans le dictionnaire, prouvant par la même qu’au moins deux personnes sur cette pauvre Terre redoutent plus que le tout le chiffre 666.

Ah oui c'est pas tout, la nécrodendrophilie désigne l’attirance sexuelle pour les arbres morts.

Et l'exiobophilie celle pour les extraterrestres.

Contente si ça vous a soulagé.

Bisoux.

29 avril 2011

Papa, Maman, William & moi

Papa, Maman,

Je le sais, pour vous aujourd’hui c’est jour de deuil.

Alors que les zingliches pleurent actuellement de joie dans leur cake aux fruits confits, vous pleurez de rage dans vos pauvres mains de roturiers.

Je le sais, jusqu’au bout, vous avez espéré, devant votre écran, qu’il y aurait un rebondissement.

Genre par exemple que le monde entier assisterait au débarquement inopiné d’une femme arrivant en courant dans l’Abbaye de Westminster, trempée des pieds à la tête, se précipitant aux devants des mariés, et prononçant, à bout de souffle :

« Siouze-mi William, but I fink it’s not a good idea. At all. »

Cette femme ça aurait été moi.



Kate aurait fait « oh my god », William serait resté la bouche ouverte, sans un mot, et moi pour rompre ce silence gênant j’aurais dit « But, where’s my umbrella ? » parce que c’est à peu près les seuls souvenirs qui me restent de mes cours d’anglais du collège.

Après j’espère que les gens auraient parlé parce que la seule autre chose dont je me rappelle c’est « I ‘m sick and tired with violin lessons » et ça en jette, je vous l’accorde, mais c’est moins à propos quand même.

Après j’aurais emprunté sa robe à Kate ou celle de sa sœur Pipa qui n’aurait pipé mot, et William de son gros doigt princier m’aurait effacé le mascara qui aurait coulé en me disant « You’re so magnifical ».

J’aurais dit « Fank you » et on se serait embrassés avec tellement de fougue que même Queen Elisabeth en aurait eu les fesses qui font bravo.

D’ailleurs, deux ou trois personnes se seraient levées pour applaudir, d’abord très lentement.

Clap.

Clap.

Clap.

Puis leur cadence se serait accélérée, et intensifiée, et elles auraient été rejointes bientôt par 3, puis 10, puis 50, par 200 puis par 1500 autres qui auraient tapé dans leurs mains en chantant « All you need is love papalalala ».

Rapidement on serait sortis de l'Abbaye, William m'aurait portée et en riant j'aurais dit "Be prudent, be prudent Wi-Wi, i am going to tomb !".

Marie Drucker aurait dit « C’est incroyable », Stéphane Bern aurait dit "C'est trop chouchou", Karl Lagerfield aurait dit « C’est énowme », et vous vous auriez dit « Bah quand même putain on y croyait plus. »

Papa, Maman, pour vos enfants vous avez toujours voulu le meilleur, et pour vos deux premières filles, le meilleur s’appelait William et Harry.

Je crois qu’à force d’en rêver, vous avez même fini par y croire, un peu.

Nous, on se contentait de se plier à vos règles strictes que vous considériez comme des « outils précieux, le jour où tu seras introduite dans la famille royale, Darling ».

Et vu qu'on demandait pas mieux que d'être introduites, on a obtempéré : pas de coude sur la table, pas de petite cuillère dans la tasse quand on la porte à notre bouche, une poignée de main franche et ferme, pas de « la sœur à » et pas de babioles accrochées au rétroviseur.

Quand Charles s’est marié avec Camilla, vous n’avez pu vous empêcher d’y voir un signe du destin et un atout de plus en ma faveur. Vous aviez raison, c’est bien connu, une meuf qui porte à une lettre près le nom de sa belle-mère ça a toujours quelque chose d’un peu excitant.

Ceci étant, c’était pas trop mal parti.

Si bien qu’il m’est difficile, finalement, de situer précisément le moment où tout a basculé.

Ce moment où j’ai réalisé, sans doute avant vous, que nos chances étaient quand même réduites et qu'on avait beau tout donner, on n'avait pas de sang royal qui coulait dans nos veines.

C’était peut-être ce soir-là où, au diner, et sous je ne sais quelle impulsion divine et artistique, nous avons entamé tous les 4, sans nous concerter et de la façon la plus naturelle qui soit, la réalisation d’une œuvre moderne, consistant à poser chacun notre tour sur ta tête, ma pauvre Maman, tout ce qui nous passait sous la main. Cornichons, bouts de pain, Ketchup, moule à gâteau, salière…
Le tout alors que tu continuais comme si de rien n’était ta conversation avec papa, nous prouvant qu’au point de désespoir où tu en étais, plus rien ne pouvait t’étonner.

Où peut-être cet autre repas où, alors qu’on entamait le second round de notre grand concours de rots hebdomadaire, notre chien Vodka en a lâché un plus énorme que tous les autres, et où on s’est regardés, un peu tristement quand même, en se disant que si même nos animaux domestiques s’y mettaient, on était
quand même très mal barrés.

Où peut-être encore ce soir où il avait pris la drôle d’idée à un membre de la famille dont je tairai le nom, de chier dans une assiette en carton à l’effigie de La Belle au Bois Dormant et de se laisser photographier son œuvre dans les mains.
C’est étrange mais rétrospectivement, je ne peux pas m’empêcher d’y voir le signe d’un certain mépris peut-être refoulé pour tout ce qui concerne le protocole et le sang royal.

Toujours est-il qu’aujourd’hui, Papa, Maman, vous n’avez rien à regretter.

Je peux vous assurer que ce soir, à Buckingham palace, vous vous seriez fait chier, assiette Belle au Bois Dormant ou pas, et qu’on aurait pu ni faire notre traditionnelle chenille géante, ni même piquer des appareils photos pour immortaliser nos fesses.

On en parle tout à l'heure, pendant la grande finale.

With best regards,

Camille

Ps : je me mets avec Vodka

23 avril 2011

Good Bye capitons

Une fois par an, quelques mois avant l'été, j'entame un régime draconien, qui pourrait se résumer ainsi : 

Fumer plus, boire moins, arrêter le beurre avec les pâtes Boursin-Thon-Kiri, et me masser le cuissot et les fesses avec un gel anti-cellulite. 

Ca pourrait représenter un sacré budget quand même ces crèmes miracle, rapport au fait que j'ai quand même deux cuissots, autant de fesses, et beaucoup de motivation à triompher dans ma tâche. L'avantage c'est que j'économise sur le beurre, l'inconvénient c'est que ça me coûte le double en cigarettes.

A ce stade j'anticipe la réaction du commentateur relou qui ne manquera pas de me dire que j'ai qu'à arrêter de fumer : t'inquiète pas pour moi mon petiot, va, en fait les crèmes je les aies à l'oeil, grâce à mon boulot, ce qui me permet d'entretenir tranquillement mon petit cancer tout en combattant ma peau d'orange disgracieuse. 

Hier donc, au moment de me coucher, j'ouvre solennellement le carton contenant mon kit anti-cellulite avec un gel et un applicateur à rouleaux dotés de pivots. Mes mains tremblent, mon coeur s'accélère, faut dire que je suis bien consciente qu'il est en train de se jouer un truc dingue.

Dans quelques instants je serai comme la fille sur la boîte, tellement pas cellulitée que je serai heureuse à en sauter en l'air dans mon maillot de bain, en souriant et en criant "Good bye capitons", parce qu'en perdant ma cellulite j'aurai retrouvé ma joie de vivre.

Il y a plein d'écriture sur le machin, mais moi je m'en fous, j'ai pas de temps à perdre, faut dire que la seule chose que j'ai vu c'est qu'il y a écrit - 1,5 cm de tour de cuisses en 4 semaines et + 27% de tonicité en une semaine. Si mes calculs sont bons, cet été j'aurai 4,5 cm de largeur en moins à chaque jambe et je serai tonique à 324%.

Je me regarde une dernière fois, je dis Good bye à mes capitons en me faisant la réflexion que ça leur va pas du tout, ce nom, capiton ça devrait désigner quelque chose de mignon, genre un petit capit ou un gentil capitaine.

J'applique le gel sur mes jambes, puis sur mes fesses. Je déborde un peu, jusqu'au menton et aux mollets, il y a marqué "fesses et cuisses" mais je me dis que les chances que le gel me dise à mi-chemin "Ah non désolé je fais pas les genoux faudrait vous adresser à mon collègue" sont minces. 

Je m'empare de l'engin, je place ses gros rouleaux à picots sur l'arrière de mon cuissot, et j'entame la longue ascension vers le sommet de mes fesses. J'ai l'impression de me faire tripoter par 40 doigts en même temps, ça fait drôle, et un peu mal aussi.

Je redescends le long de ma jambe, l'engin ne me signale rien d'anormal, je suis un peu vexée qu'il prenne mes genoux pour un cul mais je continue. 

Je remonte jusqu'au menton, en contournant soigneusement mes seins parce qu'à raison de 4,5 cm en moins en 3 mois, ça va rapidement former un double creux au niveau de mon buste.

Je redescends, je remonte. 5 fois. 10 fois. Ca commence à me picoter sévère. C'est bon signe je me dis, ça travaille.

Je me suis fixé un objectif de 40 passages alors je continue, inlassablement, enfin inlassablement c'est pas vraiment le terme, il faut avouer que c'est un peu lassant, alors pour passer le temps je pense à tous les trucs dingues que je pourrai bientôt faire, comme jouer au volley sur la plage, me mettre à poil devant mon mec, ou encore sauter partout en criant "Good Bye capitons".

Arrivée à 40 passages, je réunis mes forces pour en faire 10 de plus, j'aime cette sensation d'aller au delà des limites qu'on s'était fixées, c'est comme dans le sport ça, et je sais de quoi je parle, j'ai fait un jogging un jour avec mon père, c'était en 1993. 

Au bout de 40 passages, je m'arrête, pas que je sois contre l'idée de continuer un peu, mais je me dis que c'est bizarre ces gémissements de douleur qui sortent de ma bouche, vu que la nana qui le fait sur l'emballage, elle, a l'air de découvrir les joies de l'orgasme. 

Puis accessoirement je me dis que c'est bizarre aussi, cette couleur violacée qui s'étend de mon menton à mes mollets, excepté à l'endroit des seins.

Alors je lis les précautions d'usage. En rouge, il est écrit : "Veillez à respecter scrupuleusement le nombre de passages autorisés :5".

Si mes calculs sont bons, cet été j'aurai 45 cm de largeur en moins à chaque cuisse. 

Ca sera un peu compliqué pour le beach-volley, mais je pourrais toujours rouler en criant Good Bye capitons.

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